Un jeu qui unit – Femmes Artisans de Paix au village de Barbarchum, comté de Baringo (Kenya)
Barbarchum, nom de l’endroit où du 2 au 4 mai se tenait une formation organisée par Femmes Artisans de Paix, est également le nom d’un jeu que jouaient les hommes il y a bien longtemps. Point de rencontre central, les hommes de toutes les communautés avoisinantes s’y rendaient pour apporter les nouvelles de leur lieu de résidence spécifique et discuter comment trouver des solutions. Ils s’entretenaient ainsi en jouant le jeu à trous et cailloux sous un arbre, d’où le nom de l’endroit. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, les communautés étant en conflit les unes avec les autres. Toutefois, de centre de dialogue et réconciliation Barbarchum est devenu un camp de réfugiés pour communautés qui se font la guerre.
La formation Femmes Artisans de Paix était unique en son genre. Des lettres d’invitation officielles avaient été envoyées à vingt participantes. Les personnes en situation de handicap étaient représentées et le Chef principal ainsi que le Chef adjoint ont également participé à tout l’atelier.
Pour beaucoup de femmes, ce fut un moment de transformation personnelle et d’ouverture à de nouvelles perspectives.
‘J’ai appris que l’absence de paix intérieure s’apparente à une maladie du cœur,’ a dit Judy alors qu’elle invitait les autres participantes à être bien à l’écoute et à créer l’unité entre elles et avec les communautés voisines. L’adoption de telles pratiques aiderait à établir une paix durable à l’avantage de toutes.
Pauline a promis de toute sa vie tenir à cœur tous les enseignements qu’elle a reçus des Femmes Artisans de Paix. ‘Hier nous avons compris la vraie signification du pardon. Le programme Femmes Artisans de Paix a réellement pénétré profondément dans nos cœurs et je me suis rendu compte qu’il y a tant de choses dont je dois m’occuper dans ma vie personnelle’ a-t-elle ajouté. Catherine n’a pas, elle, hésité à faire remarquer que les femmes sont parfois devenues des voleuses dans leur propre foyer, qu’elles volent leur mari ou dans leur ferme et ce faisant détruisent la paix dans la famille. Elle s’est juré d’être un modèle de création et non de destruction de paix.
Kangogo travaille beaucoup avec des hommes. En ce qui la concerne, la formation a été un gros coup de pouce pour sa confiance en elle. Elle a raconté qu’elle se sentait encouragée au-delà de ce qu’elle aurait pu imaginer. Elle a dit qu’elle partagerait l’information reçue avec d’autres et que rien ne pourrait plus venir l’ébranler ou l’intimider.
Les deux chefs participants ont été comblés par l’atelier dans sa totalité. Ils ont même proposé d’organiser plusieurs ateliers Femmes Artisans de Paix d’une journée dans leur localité de façon à toucher davantage de femmes. Pour avancer, ils ont décidé d’aller vers d’autres femmes dans les églises, sur les places de marché et dans les organisations communautaires de base, afin de dispenser les bons enseignements acquis au cours de l’atelier Femmes Artisans de Paix.
Lors de la cérémonie de remise des certificats, très bien préparée, tout le monde a été saisi d’un sentiment d’humilité lorsque les certificats furent placés sur une table recouverte du drapeau kenyan. La couleur blanche dans le drapeau symbolise la paix. Ce moment nous a rappelé la responsabilité que nous portons en tant que femmes de notre pays pour construire la paix et garantir que la couleur blanche reste blanche et immaculée.
Rapport et facilitation par Judy Mumbi et Annie GItu
Traduction par Camille de Stoop