Le Théâtre de la société royale de géographie Ondaatje de Londres a ouvert ses portes pour le plus grand événement de la tournée d’"Au-delà du Pardon" le 27 mai dernier. 400 spectateurs extrêmement attentifs ont pu écouter les Sud-Africains Ginn Fourie et Letlapa Mphahlélé venus témoigner sur les vertus du pardon.
Il s'agit du pardon décrit dans le film Beyond Forgiving, "Au-delà du Pardon", présenté ce soir-là. Réalisé par le Dr. Imad Karam, réalisateur originaire de Gaza et Directeur des relations internationales de I&C UK, il décrit les évènements tragiques qui eurent lieu en 1993.
Pour résumer, Letlapa, un ancien combattant pour la liberté, Président actuel du Congrès panafricain, et poète et philosophe, autorisa une attaque contre une taverne de Cape Town en représailles contre le massacre brutal d'élèves noirs par les forces armées sud-africaines. La fille de Ginn, Lyndi, mourut tragiquement dans la fusillade.
Leur tournée en Grande-Bretagne, et leur travail conjoint au sein de la fondation Lyndi Fourie dans un effort de plus profonde conciliation en Afrique du Sud, sont le résultat d'un cheminement post-apartheid, profond et empreint d'humilité, vers la guérison et l'amitié, qui a inspiré les communautés dans le monde entier.
Marina Cantacuzino, directrice du Projet du Pardon ("Forgiveness Project") (qui organisa conjointement la soirée avec Initiatives et Changement et la Fondation Wilderness) inaugura l'évènement, avec une brève présentation des évènements auxquels les deux protagonistes allaient participer lors de leur visite éclair en Grande-Bretagne, avec la visite d'une école de l'East London, de la Haute Commission d'Afrique du Sud et de St John’s College, à l'Université d'Oxford.
Elle a introduit le Président de la soirée, le charismatique Terry Waite, CBE (Commandeur de l'Ordre de l'Empire britannique), ancien envoyé spécial de l'Archevêque de Canterbury. Il a parlé du travail qu'il a réalisé dans les domaines du développement, des négociations en cas de prise d'otages, de la paix et de la réconciliation au cours des 50 dernières années. Il a brièvement fait allusion à ses cinq années de captivité comme otage à Beyrouth, suite à ses tentatives de négociation pour la libération des otages occidentaux. Il passa la plupart de ce temps-là enchaîné à un radiateur mais, contre toute attente, cette épreuve n'a pas fait de lui un homme aigri. "Je crois que la seule façon d'aller de l'avant est de laisser le passé dans le passé, " a-t-il déclaré. "De plus en plus de gens ont besoin de s'unir pour la paix." Une leçon d'humilité pour tous ceux présents ce soir-là.
Imad Karam présenta Au-delà du Pardon. A la fin du visionnement de ce film émouvant, le générique de fin défila sous des applaudissements ininterrompus. Nous avons tous alors observé une minute de silence, suivie d'un moment interactif qui donna à la soirée un côté dynamique, alors que nous étions invités à nous retourner vers notre voisin et à exprimer nos réactions sur le film, déclenchant un tumulte de voix libérateur, tandis que les participants ouvraient leur coeur sans inhibitions.
Terry Waite ouvrit alors la séance de questions, pendant que Ginn et Letlapa invitaient ceux qui prenaient le micro à décrire ce que le film leur avait fait ressentir. Les vannes s'ouvrirent, tandis que les mains gesticulaient et les histoires personnelles et les sentiments étaient exprimés : des sentiments d'espoir, d'humilité, de gratitude, d'inspiration ; le défi de pardonner des crimes affreux et des meurtres de masse ou des systèmes entiers injustes ; l'idée que le pardon se produit lorsque nous pouvons sympathiser avec les raisons pour lesquelles l'injustice a été commise ; et comment le pardon commence de l'intérieur.
Le moment le plus poignant fut le commentaire de Letlapa, fait dans le film, puis réitéré par Letlapa lui-même, qui déclara qu'être pardonné équivalait à "être frappé par la foudre" et que se pardonner soi-même est un cheminement et non une fin en soi. Quant à Ginn, elle souligna que le pardon n'était que le début de son cheminement et que chaque fois que la douleur refait surface, il se produit une libération. "Cela aussi fait partie du pardon", a-t-elle déclaré. "Lorsque les sentiments de vulnérabilité sont exprimés, ils ont le potentiel d'établir des liens durables. "
Enfin, le Professeur Brandon Hamber, un Sud-Africain maintenant Directeur de l'Institut de recherche sur les conflits internationaux (INCORE) à l'Université de l'Ulster, s'est présenté comme l'hôte de Ginn et de Letlapa en Irlande du Nord, leur prochaine destination.
Il a également invité tout le monde à soutenir la promotion de Au-delà du Pardon par des dons et à acheter le film. Enfin, il a recommandé l'utilisation de son guide d'étude comme point de départ pour plus de questions et de discussions sur les thèmes abordés lors de l'évènement.
Rapport de Jini Reddy
Photos de Pete Sherrard Photography
Traduction par Marie-Louise Bautista