Formation " Citoyenneté et Diversité " à

Kairouan les 22 et 23 février : compte-rendu

Le vendredi 22 février l'équipe arrive à Kairouan, une ville fondée en 670, devenue capitale intellectuelle et artistique sous les Aghlabides (800-909). Cette ville est aujourd'hui inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco. Sa muraille historique et sa mosquée s'imposent dans le paysage dès l'entrée dans la ville.

C'est dans un cadre magnifique à l'Espace Ben Rajeb, un musée de la ville avec des salles et une décoration traditionnelle, que débute la formation avec 43 candidats parmi les 320 participants à nos ateliers citoyens. Ils venaient  de Tunis, Gafsa, Kebili, Gabès, Sidi Bouzid. Femmes, jeunes et moins jeunes nous ont rejoints pour ces deux jours voulant découvrir des outils concrets du dialogue. Ces outils leur permettront par la suite d’instaurer un dialogue dans leurs milieux et collectivités respectives, et de transmettre ce savoir à leurs concitoyens.

La conférence des OING du Conseil de l'Europe était le principal partenaire dans cette formation. Christoph Spreng, membre du Conseil de Caux-Initiatives et Changement, et coordinateur de la Conférence des OING du Conseil de l'Europe, nous rappelle que l'outil de dialogue OING, a été élaboré pour faire face à l'accumulation de problèmes non résolus en matière de diversité, atténuer les effets négatifs et ouvrir des pistes de solutions. Le slogan principal de cette approche étant : « De la Polarisation à la Participation. »

C. Spreng, a proposé tout au début de la formation une réflexion autour de l'engagement : qu'est-ce qui nous a portés à nous engager ? Ensuite il nous a interrogés sur la question de la conscience : les buts justifient-ils tous les moyens ? admettre ses fautes, est-ce une faiblesse ou non ?Il nous a fait réfléchir également sur la question de la compétence: quelles sont les compétences d'une équipe efficace ? ou encore la notion de collectivité : quels éléments créent une équipe ? Sur ce point C. Spreng nous a donné l'exemple du concept de la Oumma, un concept dans le monde musulman qui reflète la notion de collectivité.

Le dimanche a été l’occasion pour les participants de discerner une piste d'action concrète en définissant un projet de dialogue qu'ils souhaitent réaliser dans le cadre de leur projet associatif ou  dans leur ville. Parmi les nombreuses pistes, voici deux d'entre elles assez révélatrices de la situation tunisienne.

La première concerne une action dans le cadre de la loi sur la justice transitionnelle qui a été approuvée par l'Assemblée Nationale Constituante en décembre 2013.Cette loi prévoit la création d'une « instance de la vérité et de la dignité », chargée de recenser et d'indemniser les victimes des abus des régimes précédents. Son activité couvrira, l'ensemble de la période comprise entre le 1er juillet 1955 et la date de promulgation de cette loi.

Hiba, une jeune de 27 ans, souhaite faire rencontrer les membres de la commission de tri de l'ANC, des organisations de la société civile œuvrant sur la question de la justice transitionnelle et des experts internationaux, afin de créer un dialogue entre toutes ces parties, les accompagner pour élaborer une feuille de route avec des objectifs clairs. En définissant les conditions nécessaires, Hiba mentionne le respect des points de vue et le travail sur la base du consensus.

Dans l'élaboration de cette piste d'action, Hiba n'a pas omis de mettre en pratique plusieurs éléments soulevés la veille dans la formation.

La deuxième piste  a été soulevée par Adnen un jeune de 21 ans, de l'association  I LEAD – Conseil des jeunes leaders - Sidi Bouzid, préoccupé par le problème du terrorisme en Tunisie. Adnen envisage d'organiser une table ronde pour réunir des imams, des avocats, des juges, des responsables de la société civile et des hommes de la police et de l'armée, ceux qui représentent les premières victimes du terrorisme depuis maintenant un peu plus de deux ans en Tunisie.

Ce jeune leader, prévoit un dialogue entre toutes ces parties, pour comprendre comment la société civile tunisienne réagit face à ce phénomène, déterminer les personnes qui représentent la cible de ce terrorisme, mais surtout trouver des pistes pour remédier à ce fléau. Il prévoit enfin, de mettre sur pied cette commission et soumettre ses différentes décisions aux responsables et dirigeants politiques.

Hiba, Adnen, et dix autres jeunes nous accompagneront au cours d'un voyage culturel en Lorraine. L’association Initiatives et Changement – Lorraine dont le siège est à Yutz, accueillera les jeunes Tunisiens pour un séjour d'une semaine. Le programme de la visite est chargé, avec une visite de la ville de Luxembourg, un déplacement à Verdun et une visite des champs de batailles. D'autres visites sont programmées, comme la rencontre à Schengen avec les maires des trois communes frontalières de Schengen, Perl et Apach et une visite du Centre Européen.

Jamila Barbouch Labidi

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Dialogue Citoyen en Tunisie : Retour de Christoph Spreng, animateur de la formation

Fin février 2014 - Deux cents personnes avaient postulé et 43 participants ont été sélectionnés, dont la plupart sont des femmes et des jeunes provenant du nord, du sud et du centre de Tunisie. Ils sont venus à Kairouan, ville qui se situe 170 km au sud de Tunis et connue pour son tissage de tapis et sa pâtisserie Makroudh. Au Moyen Age la ville a été un lieu important, sinon le centre de l'Afrique du Nord.

Le Coordinateur du Carrefour du Dialogue des OING a été sollicité pour assurer une formation sur l’Outil du Dialogue de la Conférence des OING auprès de Leaders de la Société Civile tunisienne. Cette formation représente  la deuxième phase d'un projet à trois niveaux réalisée sur plus de 15 semaines. Les deux jours de formation ont atteint une véritable profondeur. Au deux-tiers du programme, lorsque les participants  travaillaient en groupes, le leader global du projet a chuchoté la phrase suivante : «… la mayonnaise est en train de prendre ! »

De retour à Tunis, le responsable d’une organisation qui a contribué aux coûts de la formation de Kairouan a accueilli trois représentants de cet événement.  Il a exprimé un véritable intérêt à poursuivre la coopération et également à l‘établir avec la Conférence des OING. Le slogan principal du Dialogue : « De la Polarisation à la Participation » semblait intéresser le président de cette organisation ainsi que d'autres personnes.

Après l’événement un membre du Conseil tunisien des organisateurs a écrit : « …merci de mettre vos compétences et connaissances au profit de la société civile tunisienne… nous comptons sur votre coopération…de continuer ensemble pour faire en sorte que d'autres associations bénéficient de ce Dialogue Toolkit ».

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