Les Créateurs de paix visitent le comté de Kisumu au Kenya
Quinze femmes se sont rassemblées pendant trois jours, du 8 au 10 septembre, dans l’église baptiste de Shauri Moyo à Kisumu pour recevoir leur part du gâteau des Cercles de Créateurs de paix. Les habitants de Kisumu mangent beaucoup de poisson préparé de diverses manières. Cette consommation élevée a parfois été désignée comme une des causes des niveaux de QI généralement élevés de la région, et la consommation de poisson est ainsi devenue très appréciée dans tout le Kenya.
Lors des émeutes qui suivirent les élections en 2007/2008, Kisumu fut entaché par la violence qui détruisit des vies et des propriétés. De nombreuses âmes sont toujours blessées et en grande souffrance. La plupart des femmes qui assistaient aux Cercles de Créateurs de paix à Kisumu étaient des survivantes et des victimes de la violence qui suivit les élections. La séance « Le pouvoir du pardon » était particulièrement appropriée et a apporté un degré de guérison à de nombreuses femmes dans l’assemblée des Cercles de paix. Ceci est évident dans les commentaires animés de certaines d’entre elles.
« Depuis 2008, je dois me rendre à Nairobi pour poursuivre une thérapie à cause des effets de la violence qui a suivi les élections et du traumatisme causé, mais on ne m’a jamais aidée à me sentir en paix. Pendant les trois jours que nous avons partagés, il s’est produit un grand changement dans mon coeur. C’est comme si j’étais allée à l’église et que cela m’avait transformée. Je suis tellement heureuse et reconnaissante envers notre Dieu et nos facilitateurs, » a raconté Alice.
Une autre participante, Mourine, a déclaré : « J’ai appris que le fait de rester dans la communauté peut parfois être difficile si votre coeur est plein d’orgueil. J’ai appris que l’humilité, le respect et le pardon sont les antidotes pour une communauté en paix. »
Ann a raconté qu’il lui était très difficile de pardonner à son père les mauvais traitements qu’il leur avait infligés dans leur jeunesse. Grâce à la séance sur le pouvoir du pardon, elle a réussi à écrire une lettre à son père, même si celui-ci est déjà décédé.
Dorcas, qui est une représentante des populations déplacées localement à Kisumu, a partagé son histoire émouvante. Son mari l’a trompée avec sa cousine et elle a connu une période très difficile. Elle a même essayé de tuer sa cousine mais elle n’a réussi qu’à lui infliger des coupures au bras. Elle a été traduite en justice et tout semblait indiquer qu’elle irait en prison mais les choses se sont passées différemment et ce sont son mari et sa cousine qui sont allés en prison. Elle a alors décidé de pardonner à son mari, le père de ses enfants, ainsi qu’à sa cousine, et a demandé au tribunal de ne pas les envoyer en prison. Elle est à nouveau réunie avec son mari mais, bien sûr, il y a eu beaucoup de problèmes au sein de la famille. Les Cercles de paix lui ont donné le courage d’initier un pardon sincère et la guérison de sa blessure dans sa relation avec son mari et également avec sa cousine.
Alors que la formation touchait à sa fin, les participantes ont décidé à l’unisson d’agir et de changer leur communauté en commençant par elles-mêmes, leurs familles et leur voisinage. Elles ont également décidé de visiter les gens dans les prisons, les marchés, les hôpitaux et même les institutions administratives avec un message de paix, ainsi que de rassembler et de partager des idées sur la façon d’améliorer leur statut économique.
Le commissaire de district local a honoré de sa présence la cérémonie de remise des certificats et a même promis d’aider les Créateurs de paix, conjointement aux femmes de la région, à obtenir les ressources qui leur permettraient d’atteindre un plus grand nombre de femmes dans les régions de l’intérieur et d’aider à guérir d’autres âmes.
C'est avec beaucoup de satisfaction et d'humilité que nous tenons à remercier le Irene Prestwitch Fond (TPI) pour l'appui financier qui a rendu ces Cercles de Paix possible.
Rapport par EstherMarrie Inzekellah et Mediatrix Masava.
Traduction par Marie-Louise Bautista